vendredi 10 décembre 2010

Allemagne: progression de l'antisémitisme et des théories antisémites

57% des Allemands sont  d'accord avec la proposition : "Israël mène une guerre d'extermination contre les Palestiniens" (c'est une bonne nouvelle car ils ont été jusqu'à 68% à le penser) et les théories antisémites sont de plus en plus socialement acceptables.

Contexte: Très hostiles à Israël, les Allemands se plaignent de pas pouvoir critiquer Israël ...

Source: The Jewish Chronicle (Antisemitic theories on the rise in Germany, par Toby Axelrod)

Les catégories sociales à hauts revenus sont plus xénophobes que l'Allemand moyen, et le ressentiment envers les juifs et les musulmans est en hausse, selon une étude annuelle sur des tendances sociales publiée la semaine dernière.

La 9e édition de l'étude "La Situation en Allemagne" effectuée par Institut de recherche interdisciplinaire sur les conflits et la violence de l'Université de Bielefeld, révèle un net "recul du climat social" en raison du durcissement de la conjoncture économique.

Les chercheurs ont constaté une augmentation de l'antisémitisme en rapport avec la situation en Israël [Notre question: ou tout simplement en raison de l'existence d'Israël ?] au cours de la dernière année, sans toutefois atteindre le pic de 2002, la première année de l'étude. En 2010, 57% des répondants sont  d'accord avec  la proposition : "Israël mène une guerre d'extermination contre les Palestiniens" et 38% cent ont convenu qu'il était "compréhensible que la politique israélienne pourrait encourager le sentiment anti-juif".

Plus de 25% des répondants affirment que "l'immigration musulmane en Allemagne devrait être interdite", ce qui représente une d'augmentation d'environ 5% par rapport à 2009. L'étude a également révélé que les théories antisémites sont de plus en plus socialement acceptables.

Le Professeur Wilhelm Heitmeyer de l'Université de Bielefeld a supervisé l'étude basée sur plus de 2.000 entretiens axée sur l'impact de la crise économique actuelle.  Les chercheurs ont constaté l'émergence d'une mentalité liée à la crise qui conduit à se serrer les rangs. Le ressentiment contre les immigrés, les pauvres et les minorités tend à augmenter.

M. Heitmeyer déclara que les résultats ont montré que les personnes ayant des revenus plus élevés, peu habitués à perdre de l'argent, deviennent de plus en plus xénophobes, tandis que celles qui gagnent moins de 2.500 euros par mois ont tendance à être plus plus compréhensifs envers d'autres groupes défavorisés.

M. Heitmeyer indiqua aux journalistes qu'au sein de la population le ressentiment envers les musulmans, qui forment la plus grande minorité religieuse en Allemagne, s'était déplacé politiquement du centre vers la gauche.

La publication du rapport intervient alors que les partis populistes de droite qui ont des programmes hostiles à l'immigration sont de plus en plus actifs en Allemagne. Le FPÖ (autrichien) a ouvert une antenne en Allemagne, et un parti allemand similaire s'est établi à Berlin.

Le débat sur l'intégration des minorités musulmanes en Allemagne a même suscité une réaction de la chancelière Angela Merkel, qui a déclaré que cet automne que le multi-culturalisme en Allemagne avait échoué.
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Over 50% Of Germans Equate IDF With Nazi Army, by Egar LefkovitsThe Jerusalem Post, 12/08/2004

Six decades after the mass extermination of six million Jews in the Holocaust by Nazi Germany, more than 50 percent of Germans believe that Israel's present-day treatment of the Palestinians is similar to what the Nazis did to the Jews during World War II, a German survey released this weekend shows.

51 percent of respondents said that there is not much of a difference between what Israel is doing to the Palestinians today and what the Nazis did to the Jews during the Holocaust, compared to 49% who disagreed with such a comparison, according to the poll carried out by Germany's University of Bielefeld.

The survey also found that 68 percent of Germans believe that Israel is waging a "war of extermination" against the Palestinians, while some 32% disagreed with such a statement.

In a first reaction, the chairman of Yad Vashem's directorate Avner Shalev said Tuesday that the poll's results, which he termed "very worrisome," were indicative of a long-suppressed felling of anti-Semitism among the mainstream "so-called liberals" population which now, under the coating of anti-Israeli criticism, are becoming legitimate again. He added that the poll's results, which he said any objective person would repudiate, are also the result of the release of pent-up feelings of guilt built up from the Holocaust.

"The energies which bring about such answers come to protect feelings of guilt," Shalev said. 62 percent of respondents in the poll said that they were sick of "all this harping" of German crimes against Jews, while 68% said that they found it "annoying" that Germans today are still held to blame for Nazi crimes against Jews.

The survey, which aimed to determine what is "the cut off point" between criticism of Israel and anti-Semitism, finds that while "classical" anti-Semitism in Germany is on the wane, secondary anti-Semitism, often couched in anti-Israel views are on the rise, especially among the Left.

The German researchers who conducted the polls conceded that the results showing a majority of Germans equating Israel's Policy with Nazi Atrocities "may be worrying," but concurred with Yad Vashem's Shalev that the media coverage of the Israeli-Palestinians conflict has made such analogies part of the public discourse.

"When you see an image in the newspaper, in a caricature, which is repeated day in and day out that Sharon is equal to Hitler than the image catches in your head because maybe you do not like Jews so much or maybe you hate Jews, and than this works out excellent," Shalev said, stressing that education of the young generation was the key to stemming such a tide.

In the survey, 82 percent of the respondents polled said that they are angered by the way Israel is treating the Palestinians, while 45 percent of those polled said that considering Israel's policies it was "no surprise" that people were against them.

The telephone poll of 3000 "non-migrant" respondents, which was taken in May and June, did not come with a margin of error.

"This is a very sad commentary about what is happening in Europe today which needs to send a very strong warning signal about how much work needed to be done to deal with these attitudes," said, Dr. Ephraim Zuroff, the Israel director of the Los Angeles-based Simon Wiesenthal Center. Due in part to its blighted history, Germany is generally considered to be one of the more supportive countries of Israel in Europe.

- Quelque chose d'étrange se passe en Allemagne, par Karl Pfeifer

1 commentaire :

Gilles-Michel DEHARBE a dit…

Outre les questions relatives aux destins de deux peuples, allemand et juif, c'est la spécificité de la rencontre qui soulève une demande de sens, que l'on étudie l'émergence de la génération de Moses Mendelssohn au 18°siècle, l'intégration économique et sociale du 19°siècle ou la catastrophe du 20°. Il y a donc bien une singularité judéo-allemande, qu'elle soit considérée comme une symbiose, comme une illusion, ou encore comme un cas pathologique d'antisémitisme. Parmi les caractères marquants de cette histoire, la culture allemande, et surtout protestante, suffirait à elle seule à différencier considérablement l'histoire des Juifs en Allemagne et en France. Dans le cas présent -retrouver la genèse d'un judaïsme moderne -, il faut affiner l'enquête et la faire porter d'abord sur la Prusse; la situation y est très curieuse puisque la tolérance est inscrite depuis longtemps dans les textes et dans les moeurs de ce pays dont les souverains sont calvinistes, la majorité de la population luthérienne - souvent piétiste - et qui a " reçu ", tout au long de son existence, les minorités exclues, les Juifs en 1671, les huguenots en 1685, les Salzbourgeois en 1731-1732. Il y a en Allemagne, comme d'ailleurs dans toute l'Europe, une " frontière invisible ", non seulement entre protestants et catholiques, mais encore entre luthériens et calvinistes, qui se définit précisément autour de la question juive.

Cette rencontre entre le judaïsme a engendré elle-même ses mythes, ses " lieux de mémoire ", ses grandes figures intégratrices. A elle seule cette légende du judaïsme allemand mériterait des investigations précises. Moses Mendelssohn est présent dans toutes les variantes du judaïsme en Allemagne, mais aussi aux États-Unis et en Palestine-Israël. Il sert d'emblème aux réformés ou à la néo-orthodoxie, de repoussoir aux sionistes et, quelques hassidim mis à part, les rabbins les plus conservateurs reconnaissent eux aussi ses mérites. La mémoire des salons berlinois fait aussi partie de l'histoire de la ville.

http://rhr.revues.org/5219

A lire également, l'excellent ouvrage de Patrick Cabanel : Juifs et Protestants en France : Les Affinités électives : XVIe-XXIe siècle [Broché]