jeudi 1 mars 2018

Bruno Tertrais: "La position européenne sur [le statut de Jérusalem] me laisse perplexe"


Bruno Tertrais, politologue:
"Depuis l’Administration Clinton, les États-Unis ont cessé d’inclure Jérusalem-Est dans leur définition des Territoires occupés. Et les présidents américains successifs, depuis le vote du Jerusalem Embassy Act en 1995 – quasiment à l’unanimité du Sénat – ont dû, tous les six mois, mettre leur veto au transfert de l’ambassade de Tel-Aviv à Jérusalem. Trump avait averti qu’il cesserait cette pratique. Il était d’autant plus déterminé que l’immense majorité des chrétiens «évangéliques» a voté pour lui et que Mike Pence, le vice-président, en est très proche. Une nouvelle fois, Trump fait ce qu’il dit et dit ce qu’il fait. (...)
Au moins Trump a-t-il pris soin de préciser qu’il ne prenait pas parti sur la question du statut de la ville et des limites de la capitale, les remettant à de futures négociations. Rappelons aussi que certains dirigeants démocrates ne sont pas en reste. Qui appelait en 2008 au maintien du statut de Jérusalem comme capitale éternelle et indivisible d’Israël? Un certain Barack Obama, alors en campagne... La position européenne sur le sujet me laisse perplexe: au nom de quoi nous substituerions-nous aux négociateurs pour exiger que Jérusalem-Est soit capitale du futur État palestinien? Autant je pense qu’une solution à deux États reste possible, autant je suis sceptique quant à la faisabilité d’une telle division de la ville.

Formellement, sa partie orientale n’a pas été annexée, mais une loi de 1980 a fait de Jérusalem la capitale «indivisible» d’Israël. Et depuis 1967, une stratégie d’aménagement urbain et d’implantations a déjà rendu la division quasiment impossible. Au demeurant, la seule ville qui soit devenue la capitale de deux États, Nicosie, ne l’est que depuis… l’occupation du nord de l’île par la Turquie en 1974. Et les Palestiniens ne veulent pas pour capitale d’un lot de consolation tel qu’Abou Dis, une petite ville de la banlieue, comme «Jérusalem du pauvre»."
Source: Le Figaro.  Lire l'interview complète de Bruno Tertrais par Alexandre Devecchio en cliquant ICI.

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